Conférence André-Patry

Organisée à la mémoire d’André Patry, longtemps professeur à la Faculté de droit de l’Université Laval et grand commis de l’État québécois dans les années 1960 et 1970, cette conférence annuelle porte sur l’action internationale des entités fédérées, d’ici et d’ailleurs.

 

Année 2023 - Deuxième édition

Constitutional Federalism in Action: International Agreements by U.S. States

À l’occasion de cette deuxième édition de la Conférence André-Patry, le professeur Curtis A. Bradley, Allen M. Singer Professor of Law à la Faculté de droit de l’Université de Chicago, a prononcé un exposé sur l’affaire États-Unis c. Californie, laquelle porte sur l’entente Québec-Californie quant à l’intégration des marchés du carbone. 

Pour en savoir plus, CLIQUEZ ICI

Curtis
Curtis A. Bradley

 

Conférencier - M. Curtis A. Bradley

Curtis A. Bradley

Allen M. Singer Professor of Law, University of Chicago Law School

Professeur Allen M. Singer, Curtis A. Bradley enseigne notamment le droit des relations extérieures des États-Unis ainsi que le droit relatif aux tribunaux fédéraux américains. Il a rejoint la Faculté de droit de l’Université de Chicago en 2021, après avoir enseigné pendant de nombreuses années à la Faculté de droit de l’Université Duke en Caroline du Nord. Il a été conseiller en droit international au sein du bureau du jurisconsulte du Département d’État des États-Unis et rapporteur pour le Restatement of Foreign Relations. Il est l’auteur ou l’éditeur de plusieurs livres, dont International Law in the U.S. Legal System (3e éd. 2020) et The Oxford Handbook of Comparative Foreign Relations Law (2019).


English version

Curtis Bradley is the Allen M. Singer Professor at the University of Chicago Law School. His courses include Foreign Relations Law and Federal Courts. He joined the Chicago faculty in 2021, after having taught for many years at Duke Law School in North Carolina. He has served as Counselor on International Law in the Legal Adviser’s Office of the U.S. State Department and as a Reporter for the Restatement of Foreign Relations. He is the author or editor of a number of books, including International Law in the U.S. Legal System (3d ed. 2020), and The Oxford Handbook of Comparative Foreign Relations Law (2019).

Résumé de la Conférence

En utilisant comme exemple l’entente entre la Californie et le Québec relative aux changements climatiques, la conférence examinera la capacité des États américains à conclure des accords avec les gouvernements nationaux et infranationaux d’autres pays. Bien que la Constitution américaine semble interdire la conclusion d’accords internationaux par les États, du moins sans l’approbation de la législature nationale, les États (et les villes) ont trouvé des moyens de contourner cette limitation dans le but de promouvoir la coopération internationale.


English version

Using an agreement between California and Quebec relating to climate change as an example, the conference will consider the ability of U.S. states to conclude agreements with national and subnational governments of other countries. Although the U.S. Constitution appears to disallow international agreement-making by states, at least without the approval of the national legislature, states (and cities) have found ways to work around this limitation in an effort to promote international cooperation.

Partenaires

Pour cette deuxième édition de la Conférence annuelle André-Patry, le CEDAC a pu compter sur la participation financière des organismes suivants :

 

Année 2022 - Première édition

La participation (mouvementée) des Communautés et Régions belges au processus de conclusion de l’AECG

La première édition de la Conférence André-Patry s'est tenue le 12 avril 2022, soulignant, du même coup, le 57e anniversaire de la célèbre allocution du ministre de l’Éducation du Québec, Paul Gérin-Lajoie en 1965, devant le corps consulaire de Montréal.

Pour l’occasion, le CEDAC a accueilli Yves Lejeune, professeur émérite à la Faculté de droit et de criminologie de l’Université catholique de Louvain en Belgique, et éminent spécialiste du sujet.

L’honorable Lorne Giroux, juge en résidence à la Faculté de droit de l'Université Laval, a assuré la présidence d’honneur de la conférence.

Pour en savoir plus, CLIQUEZ ICI

Yves Lejeune
        Yves Lejeune

 

Conférencier - M. Yves Lejeune

Yves Lejeune est docteur en droit (1983) et professeur émérite de l’Université catholique de Louvain (2015). Cofondateur du réseau international d’étude des normes transfrontalières et interterritoriales (RENTI) en 2003, il a aussi été professeur visiteur à la Faculté de Droit de Namur (2008-2010) et professeur invité à l’Université de Pau et des pays de l’Adour (2002-2014). 

Ses domaines de recherche actuels sont le droit constitutionnel belge et comparé, le droit international public, la théorie générale de l’État et de l’intégration européenne ainsi que le droit des relations publiques transfrontières.

En outre, Yves Lejeune a été membre du comité de conseillers spéciaux du secrétaire général du Conseil de l’Europe pour le développement de la coopération transfrontalière en Europe centrale et orientale (1995-1998). Pour le Conseil, il a préparé un projet de loi uniforme relative aux groupements eurorégionaux de coopération (2005-2006) qui est à l’origine du Protocole no 3 à la Convention-cadre européenne sur la coopération transfrontalière des collectivités ou autorités territoriales, relatif au statut de ces mêmes groupements. Il a ensuite établi, puis actualisé le rapport établissant, présentant et commentant les dispositions de l’Annexe au Protocole no 3 (2011-2013, 2015).

Auteur, coauteur ou éditeur de plus de cent quatre-vingts ouvrages et articles scientifiques, il a notamment publié :

Il a aussi édité, avec le regretté Paul De Visscher, deux tomes de la collection « Documents diplomatiques belges » couvrant la période 1941-1960 (t. VII, Conflits et crises, 2004 ; t. VI : Le statut de l’Allemagne, 2009). Il est l’auteur d’un précis de droit constitutionnel belge (Larcier, 4éd., 2021).

Résumé de la conférence

La Belgique fait partie des nombreux États d’Europe qui ont abandonné la conduite de leur politique commerciale commune aux institutions de l’Union européenne. Au départ, elle n’était donc impliquée dans la conclusion de l’AECG avec le Canada qu’en qualité d’entité constitutive de l’Union. Les Communautés et les Régions belges ne disposaient que du droit de participer à la détermination, par consensus, de la position que la Belgique devrait défendre au sein du Conseil des ministres de l’Union au moment de la signature du traité.

Toutefois, la Commission proposa en juillet 2016 que la partie de l’AECG qui instaurait un mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États, et qui suscitait à l’époque l’opposition d’une importante minorité d’États membres, soit considérée comme inscrite dans un domaine de compétence partagée entre l’Union et ses États membres. Par suite, l’AECG devenait un accord « mixte » qui nécessitait la signature et la ratification de tous les États membres de l’Union. La Commission proposait également que la partie de l’Accord relevant de la compétence exclusive de l’Union — soit plus de 90 % du texte négocié — soit appliquée à titre provisoire dès qu’elle aurait reçu les approbations du Parlement européen et du Parlement canadien. Ce compromis, suscité par le fait que plusieurs États membres n’admettaient pas d’être complètement écartés du processus d’approbation et de ratification, allait permettre d’obtenir au sein du Conseil la majorité qualifiée requise pour autoriser la signature de l’Accord.

La Belgique étant désormais reconnue comme future partie contractante de l’AECG, les règles du droit belge relatives à la conclusion des traités qui ne portent pas uniquement sur des matières de compétence fédérale (re)devenaient applicables : l’Autorité fédérale ne peut les conclure sans les gouvernements fédérés. Ceux-ci sont associés sur pied d’égalité aux négociations et à la signature. L’usage européen veut en outre qu’une seule signature soit apposée au nom du Royaume et qu’une déclaration sous cette signature mentionne qu’elle engage aussi les Communautés et les Régions belges. Chaque collectivité fédérée doit avoir préalablement conféré les pleins pouvoirs à l’unique représentant fédéral pour que celui-ci signe le traité. Ensuite, il faut recueillir, outre l’assentiment de la Chambre des représentants fédérale, l’assentiment de tous les parlements fédérés avant que le Roi ne ratifie le traité, ce qui assujettit la ratification royale au bon vouloir de chaque assemblée parlementaire belge.

À l’époque, le gouvernement fédéral belge était de centre-droite, favorable aux accords classiques de libre-échange, alors que le gouvernement de la Région wallonne était de centre-gauche, attentif aux préoccupations de la « société civile » comme la lutte contre le changement climatique et les inégalités sociales ainsi que la protection de l’environnement.

Dès avril 2016, le gouvernement wallon, désireux de renforcer son influence sur la teneur finale de l’Accord, avait demandé et obtenu de son parlement le vote d’une résolution qui demandait (a) au gouvernement fédéral de plaider au sein du Conseil pour que le futur Accord soit qualifié d’accord mixte au sens du droit de l’Union européenne, et (b) au gouvernement wallon de ne pas accorder de pleins pouvoirs au gouvernement fédéral pour la signature de cet Accord tant que le texte issu des négociations pouvait porter atteinte aux règles existantes en matière sanitaire, phytosanitaire, sociale et environnementale, voire au droit des États et de leurs collectivités constitutives de les modifier. La résolution refusait aussi le système de règlement des différends entre investisseurs et États préconisé par les négociateurs de l’AECG. Le Parlement de la Communauté française de Belgique emboîta
le pas au Parlement de Wallonie en mai, puis il en fut de même de l’Assemblée des parlementaires francophones de Bruxelles en juin et du Parlement de la Région bruxelloise en juillet.

Le recours du ministre-président wallon au soutien de son parlement était ingénieux : sans l’intervention anticipée des parlements francophones, la signature de l’AECG par l’Union européenne aurait pu être autorisée par le Conseil malgré l’abstention de la Belgique et la majeure partie de l’Accord aurait pu être provisoirement appliquée sans autres approbations que celles du Parlement canadien et du Parlement européen. Il fallait donc confronter la Commission européenne à un refus de délégation de signature, de façon à l’obliger, pour la première fois dans son histoire, à négocier directement avec une collectivité régionale et à tenir compte de ses revendications.

La négociation étant censée terminer, la Commission s’opposa à la réouverture des négociations avec le Canada. Pour autant le Conseil soutint la proposition de rédaction d’une déclaration interprétative, destinée à préciser l’AECG, que prépareraient la Commission européenne et le gouvernement canadien. N’ayant pu obtenir des modifications à l’Accord lui-même et étant insatisfaites de la teneur du projet de déclaration interprétative qui leur avait été communiqué, les quatre assemblées parlementaires réclamantes — auxquelles s’était joint le Parlement de la Communauté germanophone de Belgique — adoptèrent à la mi-octobre de nouvelles résolutions demandant à leurs gouvernements respectifs de maintenir leur refus de conférer au gouvernement fédéral les pleins pouvoirs pour signer l’Accord.

Après une semaine de négociations ininterrompues avec la Commission européenne et la ministre canadienne du Commerce extérieur, le projet de déclaration, désormais appelé « instrument interprétatif commun », put être remanié à la satisfaction du gouvernement wallon. Le dernier point de discorde qui subsistait était le mécanisme de règlement des conflits entre investisseurs et États. À cet égard, une solution intra-belge fut dégagée au Comité de concertation qui, en Belgique, réunit périodiquement six ministres fédéraux et six ministres représentant les gouvernements fédérés. Le compromis conditionnait le feu vert donné à la signature de l’AECG à l’engagement du gouvernement belge de demander à la Cour de justice de l’Union son avis — que le gouvernement wallon espérait négatif — sur la compatibilité du mécanisme de règlement des différends relatifs aux investissements avec le droit primaire européen. Le lendemain, les motions déposées en conclusion du débat sur l’Accord étaient adoptées en séances plénières des parlements réclamants, mettant ainsi fin au blocage et autorisant la signature de l’AECG par la Belgique.

Ce compromis prit la forme d’une déclaration belge « relative aux conditions d’exercice des pleins pouvoirs conférés par l’État fédéral et les entités fédérées pour la signature du CETA » (AECG), qui fut publiée au Journal officiel de l’Union avec le traité et son instrument interprétatif commun. Lors de la signature officielle de l’Accord, il fut précisé, sous la signature apposée par le ministre belge des Affaires étrangères et européennes, qu’elle engageait aussi les trois Communautés et les trois Régions du pays.

Partenaires

Pour cette première édition de la Conférence André-Patry, les partenaires du CEDAC sont les suivants :